Cous tordus
Les rumeurs enflent et les théories s’échafaudent qui prétendent – aux fins de mieux le circonvenir - profiler le démiurge du Kremlin. Oubliant que l’essence même d’un dieu est d’être hors d’accès du sens commun.
Nonobstant cet écueil fleurissent sur les plateaux télé d’anciens « proches » de l’ex-agent du KGB, exégètes de la pensée du maître de toutes les Russies et accessoirement avides de faire quelques ménages rémunérés en euros, de préférence au rouble.
Dans le dénominateur de toutes ces analyses émergent deux hypothèses dont la répétition forcerait la conviction si on ne gardait un zeste d’esprit critique.
Première assertion : l’homme s’est bunkérisé, retiré du monde. Victime depuis l’épidémie Covid de son penchant phobique il voit des virus partout. Aucun contact direct sans un tel luxe de précautions qu’il faudrait subir 15 jours d’isolement avant de lui serrer la main. Ce retrait du monde réel expliquerait sa constance dans le fourvoiement.
Seconde assertion : l’homme serait « fou », atteint de mégalomanie mâtiné de paranoïa sans oublier le coté hypocondriaque. Des traitements pour des pathologies plus classiques mais tout aussi hypothétiques expliqueraient son aspect boursouflé. Sa folie en ferait un despote d’autant plus dangereux qu’il s’est coupé des réalités.
Voila pour la symptomatologie.
Une once d’esprit critique tord le cou à ces deux fantasmes.
Un bunker c’est une prison de haute sécurité. Il est plus facile d’y entrer que dans sortir. Difficile de croire que l’un des dirigeants les plus puissants et solitaires de la planète se risquerait à se bunkeriser sachant que la sortie n’est possible qu’avec la complicité de ceux qui restés dehors ont le pouvoir de vous y laisser crever. Cette option condamne à être l’otage de ses gardiens. Poutine se laissant piéger par son entourage, l’occident en rêve mais ce scénario est contredit par une résilience sans faille malgré l’échec apparent de son blitzkrieg.
Quant à la soi-disant folie - explication à son hypothétique auto enfermement - elle est infirmée par la cohérence de la démarche de reconstruction de la grande Russie que le néo-tsar a longtemps théorisée avant d’en exécuter la partition.
Un fou cohérent : n’est ce pas une entorse au principe aristotélicien de non contradiction … ?
Cous tordus aux deux hypothèses faisant les choux gras des analystes qui étrangement réfutent une lecture moins subjective et autrement plus inquiétante. Car un Poutine droit dans ses bottes et convaincu d’être dans son bon droit offre peu de prise à la contradiction tant l’histoire depuis la chute du mur lui a donné raison.
Le Huron
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