Yaël et le pot au lait by Esope

YAEL sur sa tête ayant un Pot au lait
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue YAEL allait à grands pas ;
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple, et souliers plats.
Notre YAEL ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l'argent,
Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée ;
La chose allait à bien par son soin diligent.
Il m'est, disait YAEL, facile,
D'élever des poulets autour de ma maison;

Le Renard sera bien habile,
S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
Il était quand MOI-JE l'eus de grosseur raisonnable :
MOI-JE aurai le revendant de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que MOI-JE verrai sauter au milieu du troupeau ?
YAEL là-dessus saute aussi, transportée.
Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
YAEL de ces biens, quittant d'un œil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s'excuser à son VIANNEY
En grand danger d'être battue.
Le récit en farce en fut fait ;